La chance d’un voyage lointain, j’ai un an et demi et rencontre un caméléon. Je n’ai pas encore dix ans, j’embarque mon chat sous le bras et m’en vais dans ma cabane. Ma « cabane », un bel arbre dans lequel je grimpe pour m’inventer aventurière et observer ce qui m’entoure. Mes premières bande-dessinées, René Hausman et ses fantastiques Bestiaires. Le rendez-vous dominical devant le Jardin Extraordinaire, bercée par les voix d’Arlette Vincent et Paul Galand. Le dessin très tôt, des animaux. Reproduire ma maison et alentours en pâte à modeler. Sculpter un morceau de bois avec un canif tout neuf. Trop neuf, et une belle cicatrice en souvenir. Réparer des objets cassés, en fabriquer.
J’ai finalement fait de ce besoin de créer une passion à plein temps qui se décline sous différents aspects. La recherche plastique, le jeu sur la mise en forme et le sens que je lui donne, parfois malgré moi. La spontanéité du geste, pour les dessins, sans croquis préparatoire. Les voyages entre le contrôle et le lâcher-prise, entre l’accord et l’affrontement. Le tout en m’émerveillant de la particularité de chaque matière utilisée.
Après réflexion sur mon travail et pourquoi je le fais, voici quelques éléments qui ont façonné la personne que je suis et cette nécessité, cette urgence de représenter ce qui me fascine et ce qui me déconcerte depuis le plus jeune âge. Ce qui est et ne sera (peut-être) plus.